L’inscription dans l’espace

L’inscription dans l’espace, l’espace des géographes et des urbanistes, des architectes et des chorégraphes

Dans Le Monde des 13 et 14 janvier 2019, l’urbaniste Yoann Sportouch relève d’abord « que la façon dont les “gilets jaunes“ ont investi l’espace peut nous renseigner sur la meilleure façon de faire naitre un véritable horizontalité démocratique ». La plupart des grands mouvements contestataires dans le monde se sont exprimés sur des places ; aujourd’hui ce sont les ronds points et les péages d’autoroute… Il se demande « que penser de cette réorganisation spatiale de la contestation ? Pourquoi les places ont-elles été remplacées par des lieux de transit ? » Il y a sans doute un lien avec l’origine instrumentale du mouvement : les réseaux sociaux, ce « non humain » aujourd’hui si consubstantiellement uni à nos comportements. Mais aussi, et ce n’est pas séparable du facteur précédent, à ce qu’il est convenu de nommer la « crise du débat démocratique » : on ne dialogue pas, on communique ; on ne met pas des idées en débat, on exprime sa souffrance d’exister. Ou encore, dans la même configuration, à une radicalité nouvelle des mouvements sociaux, disqualifiant la grève et les démonstrations de masse pour des actions sur ce qui constitue le cœur des activités économiques et sociales : la mobilité. Difficile pour l’instant de ne pas penser que cela ne peut que favoriser l’extrême droite. Pour notre réflexion, il convient simplement de se poser la question de l’espace et des lieux dans l’inscription…


Emmanuel TRIBY

Professeur des Universités Université de Strasbourg - F LISEC EA 2310 Analyse de l'expérience et formation Responsable Master Ingénierie de la Formation et des Compétences

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2 réponses

  1. Sandra Laugier parle même de “texture d’être”

  2. Nous pourrions nous inscrire dans le monde selon notre manière d’être, nos formes de vie, nos manières d’habiter la ville et les espaces. Je pense ici aux écritures de Marielle Macé, de Sandra Laugier sur l’éthique du care. L’inscription passe alors par l’ordinaire et le non visible, par la relation quotidienne à l’autre – on ne sait pas bien dire – quand on y prête pas vraiment attention – où exactement cela s’inscrit, se passe, ce qui prend forme.

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